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Un vignoble sur le toit du terminal de l’aéroport de Florence

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Du gratte-ciel « Walkie Talkie » à Londres à l’aéroport international de Carrasco en Uruguay, le portefeuille du cabinet new-yorkais Rafael Viñoly Architects comprend des centaines de projets répartis sur les cinq continents. Le dernier en date sera un nouveau terminal international à l’Aeroporto Amerigo Vespucci de Florence, la capitale de la région italienne de Toscane. La structure servira de « nouveau point de repère pour l’avenir durable de la ville », selon le cabinet, et en hommage à l’héritage viticole de la région, il y aura un vignoble sur le toit.

« Le concept du bâtiment consiste à recréer le paysage toscan le plus typique, à savoir le vignoble, puis à décoller une extrémité du vignoble du sol pour créer une pente et glisser un aéroport sous cette pente », explique Román Viñoly, directeur de Rafael Viñoly Architects.

Le projet devrait être achevé en deux phases, prévues pour 2026 et 2035. M. Viñoly affirme que la durabilité est au cœur de la nouvelle structure et qu’il s’agit d’une « responsabilité morale de quiconque construit quoi que ce soit ».

Le secteur de la construction et l’environnement bâti sont responsables de 40 % des émissions mondiales de carbone liées à l’énergie. Par ailleurs, l’aviation commerciale est à l’origine d’environ 2,5 % de toutes les émissions. Les efforts visant à réduire cet impact se sont souvent concentrés sur les innovations en matière de carburant pour les avions, y compris le carburant fabriqué à partir d’huile de cuisine, voire d’eaux usées, mais ce nouveau projet s’intéresse au fonctionnement et à la construction de l’aéroport lui-même.

Vignes et panneaux solaires

La principale attraction du projet, un vignoble de près de 8 hectares, fait office de toit vert incliné, dont les recherches montrent qu’il peut avoir des effets bénéfiques sur l’environnement, notamment en contribuant à l’isolation du bâtiment. En plus de la pente, le toit aura d’autres caractéristiques conçues pour l’efficacité énergétique.

« Le toit ne commence pas en bas, à la jonction avec le sol », explique M. Viñoly. « Le premier tiers de la longueur du bâtiment est constitué d’une berme [monticule] faite de terre et d’argile. Il explique que des serpentins échangeurs de chaleur seront utilisés pour transférer la chaleur de la berme vers le bâtiment et vice versa, en fonction de la saison.

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Selon les architectes, le nouveau terminal de 50 000 mètres carrés (ici en rendu) pourra accueillir plus de 5,9 millions de passagers internationaux par an. Rafael Viñoly Architectes

« En été, lorsque vous devez refroidir l’intérieur de l’espace, vous échangez de la chaleur avec cette masse de terre », explique-t-il. « Elle maintient la température très efficacement pendant très longtemps, de sorte que lorsque l’hiver arrive et qu’il faut réchauffer l’intérieur, on peut à nouveau procéder à un échange de chaleur et extraire la chaleur de ce sol pour l’injecter dans le terminal.

Des panneaux solaires et des panneaux photovoltaïques translucides seront disposés tout au long de la structure, y compris entre les rangs de vigne. Selon M. Viñoly, ces panneaux sont importants pour réduire la consommation d’énergie tout au long de la journée et pour créer un « contact visuel » entre les passagers à l’intérieur du bâtiment et le vignoble.

Toutefois, lorsque les passagers lèveront les yeux, ils ne pourront pas voir de fruits. Selon M. Viñoly, en raison du risque de dommages causés par des corps étrangers aux moteurs d’avion, le toit sera principalement recouvert de vignes porte-greffes non fruitières. Les fruits seront cultivés sur le sol de la berme, une décision qui n’a pas été prise à la légère. « Nous avons effectué de nombreuses recherches et consulté des viticulteurs et des ingénieurs agronomes », explique M. Viñoly. « Le bâtiment est situé à près de 500 mètres de l’avion le plus proche. Grâce à cette séparation physique, nous sommes convaincus que les polluants potentiels qui pourraient se trouver autour de l’avion sont suffisamment éloignés pour ne pas avoir d’impact sur la qualité du vin produit. »

Quant à savoir où le vin du vignoble sera produit – et par qui – cela reste à voir. Selon M. Viñoly, le projet prévoit la construction d’une cave sous le toit, mais cela n’a pas été confirmé. En attendant, l’aéroport n’a pas encore choisi le vigneron.

Un défi vert pour l’aviation

Filippo Weber, membre de l’association à but non lucratif Italian Climate Network et fondateur du cabinet italien d’architecture durable Weber Architects, qui n’a aucun lien avec le projet, estime que le projet sera à la pointe du progrès en matière de développement durable : il contribuera à l’isolation de l’aérogare et contrôle l’écoulement des eaux de pluie, ce qui réduit le risque d’inondation. Mais il se demande si l’on n’a pas trop insisté sur l’aspect du vignoble plutôt que sur ses avantages durables.

Le vignoble de 7.6 ha, partiellement visible sur le toit dans ce rendu, contribuera à isoler l’aérogare et à contrôler le ruissellement des eaux de pluie, réduisant ainsi le risque d’inondation, selon les architectes. Rafael Viñoly Architectes

Outre la forte demande en eau du vignoble, les vignes ne sont pas vertes toute l’année, ce qui réduit leur potentiel de compensation carbone de l’énergie intrinsèque et de la consommation d’énergie du bâtiment », explique M. Weber. En ce qui concerne les panneaux photovoltaïques, M. Weber ajoute que ceux qui sont placés entre les rangs de vigne pourraient ne pas être suffisants en termes de surface et qu’ils risquent d’être éclipsés par les vignes elles-mêmes.

Bien que M. Weber qualifie de « stratégie intéressante » l’utilisation d’une berme comme échangeur de chaleur, il estime qu’il n’y a pas suffisamment d’informations pour évaluer son efficacité et que « l’on peut douter qu’une couche de sol aussi superficielle soit capable de stocker suffisamment d’énergie pour échanger de la chaleur avec un bâtiment aussi énergivore ».

En fin de compte, les aéroports plus écologiques n’auront pas d’impact significatif sur la réduction des émissions de l’aviation. Il est plus important et plus urgent de réduire les émissions des compagnies aériennes elles-mêmes. Bien que les compagnies aériennes du monde entier se soient engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à zéro d’ici à 2050, le secteur n’est pas encore en mesure d’atteindre cet objectif.

Toutefois, M. Viñoly espère que le projet encouragera les aéroports du monde entier à prendre le développement durable plus au sérieux et à reconnaître « que [les aéroports] ne sont pas simplement des lieux de transition, mais qu’ils sont aussi des destinations en soi ».


Cet article est publié dans le cadre de l’initiative Call to Earth de CNN International dont UP’ est partenaire média. Cette initiative est destinée à rendre compte des défis environnementaux auxquels notre planète est confrontée, ainsi que des solutions.

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